venerdì 16 febbraio 2007

Texte : C. de Laclos, Les Liaisons dangereuses, 1782
Le premier échange épistolaire du roman nous donne à entendre les voix de l'innocence. dans une lettre adressée par Cécile de Volanges, une jeune fille dont le mariage vient d'être " arrangé ", à Sophie de Carnay, son amie de couvent.
Cécile de Volanges à Sophie de CarnayAux Ursulines de…
Il n'est pas encore cinq heures ; je ne dois aller retrouver Maman qu'à sept, voilà bien du temps, si j'avais quelque chose à te dire ! Mais on ne m'a encore parlé de rien ; et sans les apprêts que je vois faire, et la quantité d'ouvrières qui viennent toutes pour moi, je croirais qu'on ne songe pas à me marier et que c'est un radotage de plus de la bonne Joséphine. Cependant Maman m'a dit si souvent qu'une demoiselle devait rester au couvent jusqu'à ce qu'elle se mariât, que puisqu'elle m'en fait sortir, il faut bien que Joséphine ait raison.
Il vient d'arriver un carrosse à la porte et Maman me fait dire de passer chez elle tout de suite. Si c'était le Monsieur ? je ne suis pas habillée, la main me tremble et le cœur me bat. J'ai demandé à la femme de chambre si elle savait qui était chez ma mère : " Vraiment, m'a-t-elle dit, c'est M. C*** . " Et elle riait. Oh ! je crois que c'est lui. Je reviendrai sûrement te raconter ce qui se sera passé. Voilà toujours son nom. Il ne faut pas se faire attendre. Adieu, jusqu'à un petit moment.
Comme tu vas te moquer de la pauvre Cécile ! oh ! j'ai été bien honteuse. Mais tu y aurais été attrapée comme moi. En entrant chez Maman, j'ai vu un Monsieur en noir, debout auprès d'elle. Je l'ai salué du mieux que j'ai pu, et suis restée sans pouvoir bouger de ma place. Tu juges combien je l'examinais. " Madame, a-t-il dit à ma mère, en me saluant, voilà une charmante demoiselle et je sens mieux que jamais le prix de vos bontés. " A ce propos si positif, il m'a pris un tremblement, tel que je ne pouvais me soutenir ; j'ai trouvé un fauteuil et je m'y suis assise, bien rouge et bien déconcertée. J'y étais à peine, que voilà cet homme à mes genoux. Ta pauvre Cécile alors a perdu la tête ; j'étais, comme a dit Maman, tout effarouchée. Je me suis levée en jetant un cri perçant… ; tiens comme ce jour du tonnerre. Maman est partie d'un éclat de rire, en me disant : " Eh bien ! qu'avez-vous ? Asseyez-vous et donnez votre pied à Monsieur. " En effet, ma chère amie, le Monsieur était un cordonnier, je ne peux te rendre combien j'ai été honteuse : par bonheur il n'y avait que Maman. Je crois que quand je serai mariée, je ne me servirai plus de ce cordonnier-là.
Conviens que nous voilà bien savantes ! Adieu. Il est près de six heures, et ma femme de chambre me dit qu'il faut que je m'habille. Adieu, ma chère Sophie ; je t'aime comme si j'étais encore au couvent.P.S. - Je ne sais par qui envoyer ma lettre ; ainsi j'attendrai que Joséphine vienne.
Paris, ce 3 août 17**Lettre I

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