lunedì 26 febbraio 2007
POUR REVISER..
Méthode conforme aux Programmes Officiels de l'Education Nationale
http://www.educaserve.com/premiere.php3
domenica 25 febbraio 2007
PRODUCTIONS DES ELEVES
Commentaire à l'extrait de Camus , "L'étranger" (lu en classe) Par ISADORA
Le récit est situé dans l’asile; le passage qui nous fait comprendre que la mère de Meursault vient de mourir est « il m'a serré la main qu'il a gardée si longtemps que je ne savais trop comment la retirer», ce qui représente un geste de consolation , mais Meursault est un homme de vérité et il veut s’ éloigner.
Meursault a quarante ans, ses salaires sont modestes, en effet, sa mère se trouve dans l’asile, où il y a des gens âgés qui n’ont pas d’argent ; il n’a pas de voiture, en effet, il marche à pied ou il en autobus.
Meursault a de différents comportements avec les autres : quand il se trouve dans le bureau du directeur , Meursault pense « J'ai cru qu'il me reprochait quelque chose », mais quand le directeur de l’asile lui dit « Vous n'avez pas à vous justifier, mon cher enfant. J'ai lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. Il lui fallait une garde. Vos salaires sont modestes. Et tout compte fait, elle était plus heureuse ici.», Meursault a éprouvé une sensation d’ assurance, et il n’a pas besoin de feindre. Avec sa mère, Meursault a un comportement d’indifférence : « dans la dernière année je n'y suis presque plus allé. Et aussi parce que cela me prenait mon dimanche - sans compter l'effort pour aller à l'autobus, prendre des tickets et faire deux heures de route. »
Sa mère s’ennuyée avec son fils, selon le directeur, parce qu’elle n’avait pas la compagnie des ses amis âgés , et Meursault neregrette pas sa compagnie, parce qu’il peut faire ce qu’il veut : il a des femmes avec qui s’amuser.
les autres Aussi ont de différents comportements avec lui, sa mère, quand elle était à la maison, suivait son fils du regard en silence ; le concierge croit que Meursault est souffrant à cause de la mort de sa mère, et, quand il doit atteindre le directeur, il lui parle ; le directeur sait déjà les raisons pourquoi Meursault n’a pas fait de visites à sa mère, mais il justifie Meursault banalement, en effet, dans le texte nous pouvons voir que il y a un langage administratif : « Il a consulté un dossier », « J'ai lu le dossier de votre mère » ; des phrases que soulignes la part des habitudes « Vous n'avez pas à vous justifier », « Vous êtes jeune et elle devait s'ennuyer avec vous.», et des phrases qui indiquent la sincérité comme par exemple : « savez, elle avait des amis, des gens de son âge. Elle pouvait partager avec eux des intérêts qui sont d'un autre temps. »
Le passage est écrit à la première personne, si il était à la troisième nous avions trouvé des sentiments, mais dans ce texte les sentiments de Meursault sont absents, et ce récit aurait pu être écrit par un journaliste, en effet il n’y a pas de mots de souffrance.
Personnellement, je crois que Meursault est un homme très cynique, il n’a pas de cœur pou la famille, en effet, il ne va jamais à voir sa mère à l’asile, et à l’enterrement il ne montre pas de sentiment de souffrance et de douleur, mais il pense seulement à comment passer la journée. Selon moi, cet homme vit l’existence: il se présente comme un homme de vérité, parce qu’il croit que le monde est envahi par l’habitude de faire ce qui est plus juste pour la société, mais son était d’âme est occupé par la volonté de dire toujours la vérité. Avec du temps, la situation peut changer contre lui-même.
Une chose que lui je demanderais, est pourquoi il n’a jamais feint; après tout, si il avait feint une seule fois, il serait vivant.
Je rapproche M. à un personnage de vérité: la devine Cassandre. Elle a prédit aux troyens de ne pas porter le cheval dans la ville, mais malgré sa prédication, le peuple ne l’a pas écoutée, et il y a eu la catastrophe. La différence consiste que la devine avait un cœur et des sentiments, tandis que Meursault est un homme apparemment sans sentiments.
Isadora Benatti
mercoledì 21 febbraio 2007
LE SIECLES DES LUMIERES
Siècle des Lumières:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8cle_des_Lumi%C3%A8res
et aussi:
Idées des Lumières et leur mode d'expression (Français - 1re générale)
Le mouvement des Lumières, caractéristique du 18e siècle, débute à la mort de Louis XIV, où la censure et l'autocensure commencent à s'assouplir. Les prédécesseurs du roi soleil ont moins d'influence, ce qui permet à la même époque à la bourgeoisie de se développer, aussi bien sur le plan intellectuel qu'économique. Ainsi l'époque est propice à un véritable bouillonnement d'idées qui se fait dans les salons, les cafés, la presse et surtout en littérature. La littérature d'idée est très développée et s'étend à tous les domaines. Celles-ci sont les fondements des idées révolutionnaires de 1789, et restent encore aujourd'hui fondamentales à la culture européenne. En littérature, les Lumières remettent en cause les idées politiques, religieuses, culturelles et philosophiques de l'époque, et utilisent différents modes d'expression pour les affirmer. Quelles sont ces idées et sous quelles formes la littérature d'idée s'est-elle exprimée ?
Au 18e siècle, le système politique en place, la monarchie absolue de droit divin, est critiqué par l'ensemble des philosophes de Lumières. Le modèle anglais inspire une volonté de moderniser le pourvoir politique qui date de plus de trois siècles, depuis François Ier, et qui ne donne pas assez de place aux libertés individuelles. Les philosophes critiquent la monarchie, et s'attaquent à son symbole, le Roi. La légitimité du Roi est remise en cause. Montesquieu est un des philosophes partisans de la constitution d'une monarchie parlementaire, qui limiterait le pouvoir du Roi. Il dénonce, dans Les Lettres persanes, la vénalité des charges, c'est à dire des aristocrates qui accèdent à des titres sans pour autant en avoir le mérite, qui reposent sur la malhonnêteté et qui est une forme d'escroquerie. Il décrit le roi comme un tyran qui exerce son empire sur les aristocrates, qui manipulent les esprits. Dans de l'esprit des lois, Montesquieu s'inspire des institutions anglaises pour recommander que les pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires ne soient tous concentrés dans les mains du Roi. C'est la séparation des pouvoirs, un thème très important de la philosophie des Lumières, qui est un des fondements de la démocratie. Diderot montre dans Autorité politique que tous les hommes sont libres, en introduisant la notion de nature, tout ce qui vient de la nature est légitime : "Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres". Puisque personne n'a le droit d'autorité, alors les hommes sont libres, ils peuvent se diriger eux-mêmes grâce à la Raison. Ceci est un fondement de la Révolution Française. Pourtant, dans ce même texte, on voit apparaître le mot de "contrat". En effet, comme le dit Voltaire, le peuple ne peut pas se diriger lui-même, car il ne détient pas la Raison. Peut-être est-ce un peu exagéré, mais il est vrai qu'un pouvoir politique direct est impossible en France, on ne peut pas faire voter tous les Français à chaque décision. Diderot, et plus tard Rousseau, pense qu'il doit y avoir un consentement entre ceux qui détiennent l'autorité et ceux qui la subissent, que l'autorité ne doit pas s'instaurer par la force. C'est le contrat social. Cela conduit à l'époque à une monarchie parlementaire, où le Roi n'est plus Roi de France, mais Roi des Français, et aujourd'hui à la démocratie, c'est à dire à un Etat de droit, où les pouvoirs sont limités par le peuple. Dans la même idée d'Etat de droit, la justice est critiquée pour son arbitraire. L'arbitraire royal, symbolisé par les lettres de cachets, menace la liberté et oppresse les faibles. La fable du "loup et de l'agneau" de La Fontaine oppose le fonctionnement de l'ancien régime de la justice, qui repose sur l'usage de la force, à celui des Lumières, qui repose sur la raison. La séparation du pouvoir temporel et spirituel commence à être remis également en cause à l'époque. Les philosophes des Lumières prônent une société laïque. Il faut exclure le pouvoir absolu et l'intention divine, et le ramener à une dimension humaine. La religion est accusée de laisser trop de crédit aux superstitions. On peut lire dans Les Lettres persanes une critique du Roi thaumaturge, ainsi qu'une critique du Pape, tous deux accusés d'être des charlatans. Les Lumières luttent contre l'obscurantisme religieux, contre les croyances du peuple au surnaturel. Ainsi dans l'article "blé"du dictionnaire philosophique de Voltaire ou encore au chapitre 6 de Candide ou l'optimisme, le tremblement de terre de Lisbonne, les philosophes contestent la superstition qui mène à l'intolérance religieuse. Les Lumières combattent cette intolérance, comme Voltaire dans son article "Torture" du dictionnaire philosophique. Les Lumières refusent pour la plupart les dogmes religieux, et proposent alors de nouvelles formes de religion, et parfois même la négation totale de religion. Certains se proclament déiste, Voltaire par exemple. Ils croient en un être supérieur, qui a créé le monde, mais qui s'est retiré ensuite. Il n'interagit donc plus avec le monde réel et il n'est pas présent. D'autres, comme Rousseau, sont théistes. Ils croient eux aussi en un être supérieur, mais qui est toujours présent, dans la nature, et qui est bienfaisant. Enfin certains sont athées, comme Diderot par exemple, il ne croit pas du tout en l'existence d'un Dieu, ils sont matérialistes. Dans tous les cas, ils croient tous en un bonheur terrestre. Les Lumières ont aussi une grande ambition humaniste. Ils prônent le respect de la nature humaine, luttent contre l'esclavage, la torture et la peine de mort. Dans l'article "Blé", de Voltaire, la torture est qualifiée d'archaïque, ainsi que dans l'article "Torture". Condorcet aborde le thème de la condition des esclaves dans l'Esquisse d'un tableau historique des projets de l'esprit humain, dans lequel il parle de "mépris sanguinaire pour les hommes d'une autre couleur ", ce qui est reprit par Voltaire dans le chapitre 19 de Candide ou l'optimisme, symbolisé par le portrait de l'esclave. Les Lumières ont à coeur de respect de la dignité humaine, et ces idées sont à l'origine de la déclaration de droits de l'homme. Aussi ils condamnent la guerre, d'une part, d'après Montesquieu dans Les lettres persanes, pour les dépenses inutiles qu'elle génère, et d'autre part à cause de son atrocité, décrite ironiquement par Voltaire dans le chapitre II et III de Candide ou l'optimisme. Le siècle des Lumières est le siècle de la Raison. Les Lumières pensent tout par le rationnel. A la façon de Descartes, qui écrit vers 1630 Le Discours de la méthode, les philosophes démontrent par la raison leurs idées, comme Diderot dans de l'esprit des Lois. Ils ne laissent aucune place à l'irrationnel et combattent l'obscurantisme. Ils n'accordent pas non plus beaucoup de place aux sentiments, à part pour Rousseau qui est le précurseur du mouvement romantique. Les inégalités sociales qui existent entre les bourgeois et les aristocrates dérangent les philosophes, qui sont pour la plupart bourgeois. Ils désirent une égalité entre les classes. Dans Jacques le fataliste et son maître de Diderot, on y voit représentés l'ascension sociale de la classe bourgeoise et le refus des privilèges des nobles. L'ascension sociale ne se fait plus selon la naissance, mais selon le mérite de chacun, ce qui est bien sûr réfuté par les aristocrates, comme le fait le duc de St Simon, dans ces mémoires. En effet, les Lumières différentient nature et culture. Ce qui vient de la nature est légitime, et il n'y a pas d'injustice. Pour certains, tout ce qui vient de la nature est fondamentalement bon. Pour d'autres, il n'y pas de distinction entre le mal et le bien, on doit accepter tout ce qui vient de la nature, et corriger les défauts provenant de la nature. Enfin, certains pensent que tout ce qui vient de la nature est mauvais, mais que la société peut corriger la nature. Il se développe aussi à l'époque plusieurs mouvements philosophiques, des grandes théories métaphysiques comme l'optimisme de Leibniz, le fatalisme de Spinoza, décrit dans Jacques le fataliste de Diderot, ou encore le matérialisme, et des théories plus personnelles comme Voltaire et Rousseau. La presse, les salons et la littérature permettent à l'époque de diffuser les idées des Lumières, l'Encyclopédie est caractéristique de cette littérature d'idée. Le projet est dirigé par Diderot et D'Alembert, de 1751 à 1792, et a comme but officiel de regrouper les connaissances de l'époque. Il s'agit en fait de rependre les idées des Lumières et de montrer que l'humanité doit sans cesse progresser. Tous les grands philosophes des Lumières y ont participé. La littérature d'idée prend différente forme au 18 e. Pour réussir à convaincre, les auteurs ont le choix de la stratégie de conviction et la stratégie de séduction. La stratégie de conviction consiste à démontrer une idée par la logique, elle fait appel à la raison. C'est alors une argumentation directe, c'est-à-dire un raisonnement de type logique constitué d'arguments, d'idées, de notions abstraites. Le destinataire est directement visé, il y a donc un système énonciatif, un discours. Les textes alors sont très structurés, comme dans de L'esprit des lois de Montesquieu, l'article de la séparation des pouvoirs, dans lequel il étudie rigoureusement chaque cas pour démontrer sa thèse. Ou encore dans "Autorité politique" de Diderot, où les arguments s'enchaînent de façon quasi mathématique. C'est une rigueur cartésienne. Les textes peuvent également se présenter sous la forme d'une argumentation indirecte, ils utilisent alors la stratégie de séduction. Les auteurs utilisent alors à la fois la logique du lecteur, mais également ses sentiments. Ils ont souvent recourt à des tonalités pathétiques ou ironiques. Il n'y a pas de structure logique, pas d'arguments, mais à la place des faits. C'est donc un récit, un texte narratif. La narration est à caractère symbolique, chaque fait illustre une idée. La fable est un exemple d'argumentation indirecte. "Le Loup et l'agneau de La Fontaine" montre comment la forme du texte et les procédés de style peuvent être efficaces pour l'argumentation et permettent de faire passer les idées. Le conte philosophique est également un moyen efficace de mettre ses idées à la portée de tout le monde. Comme le dit Voltaire, "Tous les genres sont bons, sauf les genres ennuyeux". Il permet de mettre en image des idées abstraites tout en les incorporant dans un récit. On peut citer Candide ou l'optimisme et Zadig de Voltaire, ou les Lettes persanes de Montesquieu. Les auteurs ont recourt aussi à l'utopie, qui est une modification du monde réel, et qui permet à la fois de dénoncer ce qui ne va pas dans le monde réel et de proposer un nouveau modèle. Voltaire s'en est servi dans Candide ou l'optimisme au chapitre 18. Le roman par contre est peu utilisé à l'époque. Il est considéré comme un sous-genre littéraire. La plupart sont des récits invraisemblables sans aucune technique d'écriture. Pourtant, certaines oeuvres comme Jacques le fataliste de Diderot font exception et sont de purs travaux d'écriture. Les philosophes des Lumières ont joué un rôle essentiel lors du 18e siècle. Comme le décrit Jean Paul Sartre, les écrivains des Lumières remettent en cause le pouvoir en place, mais ils dépendent de ceux qu'ils contestent, c'est à dire l'aristocratie. Les idées des Lumières ne viennent donc pas seulement de la classe bourgeoise, mais elle est également faite pour plaire à l'aristocratie. C'est pour cela que cette littérature d'idée doit être accessible à tous. Les idées sont à l'origine de la révolution française, pourtant les Lumières ne sont pas tous révolutionnaires, la plupart ne veulent pas la mort de Louis XIV, et se seraient contentés d'une monarchie constitutionnelle. Ils ne soutiennent pas la violence meurtrière de la révolution française, qui n'est pas en accord avec leur idéal humaniste, ainsi que le décrit Condorcet dans l'Esquisse d'un tableau historique des projets de l'esprit humain.
VOIR AUSSI:
http://fr.encarta.msn.com/encyclopedia_761571679/Lumi%C3%A8res_si%C3%A8cle_des.html
venerdì 16 febbraio 2007
Louvre.edu] : le site éducatif du Louvre
Une découverte du site et un TP guidé pour apprendre à rechercher dans la base de données
http://www.ac-creteil.fr/pointdoc/peda/tice/louvredu.html
Le premier échange épistolaire du roman nous donne à entendre les voix de l'innocence. dans une lettre adressée par Cécile de Volanges, une jeune fille dont le mariage vient d'être " arrangé ", à Sophie de Carnay, son amie de couvent.
Cécile de Volanges à Sophie de CarnayAux Ursulines de…
Il n'est pas encore cinq heures ; je ne dois aller retrouver Maman qu'à sept, voilà bien du temps, si j'avais quelque chose à te dire ! Mais on ne m'a encore parlé de rien ; et sans les apprêts que je vois faire, et la quantité d'ouvrières qui viennent toutes pour moi, je croirais qu'on ne songe pas à me marier et que c'est un radotage de plus de la bonne Joséphine. Cependant Maman m'a dit si souvent qu'une demoiselle devait rester au couvent jusqu'à ce qu'elle se mariât, que puisqu'elle m'en fait sortir, il faut bien que Joséphine ait raison.
Il vient d'arriver un carrosse à la porte et Maman me fait dire de passer chez elle tout de suite. Si c'était le Monsieur ? je ne suis pas habillée, la main me tremble et le cœur me bat. J'ai demandé à la femme de chambre si elle savait qui était chez ma mère : " Vraiment, m'a-t-elle dit, c'est M. C*** . " Et elle riait. Oh ! je crois que c'est lui. Je reviendrai sûrement te raconter ce qui se sera passé. Voilà toujours son nom. Il ne faut pas se faire attendre. Adieu, jusqu'à un petit moment.
Comme tu vas te moquer de la pauvre Cécile ! oh ! j'ai été bien honteuse. Mais tu y aurais été attrapée comme moi. En entrant chez Maman, j'ai vu un Monsieur en noir, debout auprès d'elle. Je l'ai salué du mieux que j'ai pu, et suis restée sans pouvoir bouger de ma place. Tu juges combien je l'examinais. " Madame, a-t-il dit à ma mère, en me saluant, voilà une charmante demoiselle et je sens mieux que jamais le prix de vos bontés. " A ce propos si positif, il m'a pris un tremblement, tel que je ne pouvais me soutenir ; j'ai trouvé un fauteuil et je m'y suis assise, bien rouge et bien déconcertée. J'y étais à peine, que voilà cet homme à mes genoux. Ta pauvre Cécile alors a perdu la tête ; j'étais, comme a dit Maman, tout effarouchée. Je me suis levée en jetant un cri perçant… ; tiens comme ce jour du tonnerre. Maman est partie d'un éclat de rire, en me disant : " Eh bien ! qu'avez-vous ? Asseyez-vous et donnez votre pied à Monsieur. " En effet, ma chère amie, le Monsieur était un cordonnier, je ne peux te rendre combien j'ai été honteuse : par bonheur il n'y avait que Maman. Je crois que quand je serai mariée, je ne me servirai plus de ce cordonnier-là.
Conviens que nous voilà bien savantes ! Adieu. Il est près de six heures, et ma femme de chambre me dit qu'il faut que je m'habille. Adieu, ma chère Sophie ; je t'aime comme si j'étais encore au couvent.P.S. - Je ne sais par qui envoyer ma lettre ; ainsi j'attendrai que Joséphine vienne.
Paris, ce 3 août 17**Lettre I
Emma Bovary, épouse d'un officier de santé, étouffe dans sa vie monotone et pour tromper son ennui, elle prend un amant, Rodolphe, avec lequel elle rêve de folles escapades. Mais cette liaison commence à peser à Rodolphe qui se décide à rédiger une lettre de rupture…
- Allons, se dit-il, commençons !Il écrivit :
" Du courage, Emma ! du courage ! Je ne veux pas faire le malheur de votre existence… "
- Après tout, c'est vrai, pensa Rodolphe ; j'agis dans son intérêt, je suis honnête.
" Avez-vous mûrement pesé votre détermination ? Savez-vous l'abîme où je vous entraînais, pauvre ange ? Non, n'est-ce pas ? Vous alliez confiante et folle, croyant au bonheur, à l'avenir… Ah ! malheureux que nous sommes ! insensés ! "
Rodolphe s'arrêta pour trouver ici quelque bonne excuse.- Si je lui disais que toute ma fortune est perdue ? … Ah ! non, et, d'ailleurs , cela n'empêcherait rien. Ce serait à recommencer plus tard. Est-ce qu'on peut faire entendre raison à des femmes pareilles ?Il réfléchit, puis ajouta :
" Je ne vous oublierai pas, croyez-le bien, et j'aurai continuellement pour vous un dévouement profond ; mais un jour, tôt ou tard, cette ardeur (c'est là le sort des choses humaines) se fût diminuée, sans doute ! il nous serait venu des lassitudes, et qui sait même si je n'aurais pas eu l'atroce douleur d'assister à vos remords et d'y participer moi-même, puisque je les aurais causées. L'idée seule des chagrins qui vous arrivent me torture, Emma ! Oubliez-moi ! Pourquoi faut-il que je vous aie connue ? Pourquoi étiez-vous si belle ? Est-ce ma faute ? O mon Dieu ! non, non, n'en accusez que la fatalité ! "
- Voilà un mot qui fait toujours de l'effet, se dit-il.
" Ah ! si vous eussiez été une de ces femmes au cœur frivole comme on en voit, certes, j'aurais pu, par égoïsme, tenter une expérience alors sans danger pour vous. Mais cette exaltation délicieuse, qui fait à la fois votre charme et votre tourment, vous a empêché de comprendre, adorable femme que vous êtes, la fausseté de notre position future. Moi non plus, je n'y avais pas réfléchi d'abord, et je me reposais dans l'ombre de ce bonheur idéal comme à celle du mancenillier, sans prévoir les conséquences. "
- Elle va peut-être croire que c'est par avarice que j'y renonce…Ah ! n'importe ! tant pis, il faut en finir !
" Le monde est cruel, Emma. Partout où nous eussions été, il nous aurait poursuivis. Il vous aurait fallu subir les questions indiscrètes, la calomnie, le dédain, l'outrage peut-être. L'outrage à vous ! Oh !… Et moi qui voudrais vous faire asseoir sur un trône ! Moi qui emporte votre pensée comme un talisman ! car je me punis par l'exil de tout le mal que je vous ai fait. Je pars. Où ? Je n'en sais rien, je suis fou ! Adieu ! Soyez toujours bonne ! Conservez le souvenir du malheureux qui vous a perdue. Apprenez mon nom à votre enfant, qu'il le redise dans ses prières. "
La mèche des deux bougies tremblait. Rodolphe se leva pour aller fermer la fenêtre, et quand il se fut rassis :- Il me semble que c'est tout. Ah ! encore ceci, de peur qu'elle ne vienne me relancer :
" Je serai loin quand vous lirez ces tristes lignes ; car j'ai voulu m'enfuir au plus vite afin d'éviter la tentation de vous revoir. Pas de faiblesse ! Je reviendrai, et peut-être que plus tard, nous causerons ensemble très froidement de nos anciennes amours. Adieu ! "
Et il y avait un dernier adieu, séparé en deux mots : A Dieu ! ce qu'il jugeait d'excellent goût.
- Comment vais-je signer, maintenant ? se dit-il. Votre tout dévoué… Non. Votre ami ?…Oui, c'est cela.
Il relut la lettre. Elle lui parut bonne.
La lettre dans les arts plastiques
choix d'un tableau à travers un groupement : Gabriel Metsu : Homme écrivant une lettre/femme lisant une lettre, 1657
Wallerand Vaillant : Lettres,1658
Manet : Le bouquet de violettes, 1872 / lettre à Isabelle Lemonnier ornée d'une prune, 1880
Arman : Trois mois de courrier de Pierre Restany, 1961
Ecriture : Choisissez un des tableaux du groupement et après l'avoir décrit soigneusement, vous vous interrogerez sur son interprétation et les intentions du peintre
Dissertation : Après la lecture d'un roman épistolaire, vous vous interrogerez sur l'intérêt qu'il y a à choisir ce mode d'écriture pour raconter une histoire ?
De la lettre dans le roman au roman par lettres
Extrait de la lettre I, de Cécile de Volanges à Sophie de Carnay (son amie de couvent)
La polyphonie narrative
Intérêt de la lettre pour la suite de l'action romanesque
Le registre satirique
Le réalisme social de la lettre
Le présent de narration et ses effets dans la lettre
Les paroles rapportées directement et indirectement au sein de la lettre.
Lecture analytique du passage
Exposé oral : Après la lecture cursive des Liaisons dangereuses, vous en ferez une présentation structurée à la classe.
De la lettre dans le roman au roman par lettres
Perspective dominante :-
La spécificité de la lettre : lettre authentique ou lettre fictive
Perspectives complémentaires : - Etude de l'histoire littéraire et culturelle- Intérêt particulier du XVIIIème siècle pour le genre épistolaire et notamment pour le roman par lettres- Etude de l'argumentation et des effets de chaque discours sur le destinataire- L'art de convaincre/ L'art de persuader
G. Flaubert, Madame Bovary1857
Lettre de Rodolphe à Emma
La lettre de rupture dans la fiction romanesque
L'originalité de cette lettre : entrecoupée des réactions de l'émetteur et des interventions du narrateur.
La lettre : autoportrait du scripteur
Anticipation des effets sur le destinataire
Le faux registre lyrique et l'authentique stratégie
L'art de la dramatisation : ses procédés
L'hyperbole et toutes les formes de l'amplification : au service de l'art de persuader
Recherche des effets sur le destinataire
Le "double je" de l'autobiographie
Le biographique
N. Sarraute, Enfance, 1ère page : " Alors, tu vas vraiment faire ça ? (...) laisse-moi... "Etudes d'ensemble
Manifestations du double je
Difficultés de l'autobiographie Lectures cursives et documents complémentaires
N. Sarraute, Enfance- Portraits et autoportraits en peinture : Dürer, Picasso, Van Gogh, F. Kalho
Le pacte autobiographique
________________________________________
Montaigne - un pacte classique
Rousseau - un pacte dramatisé
Chateaubriand - un pacte classique
Stendhal - un pacte distant
Mauriac - un pacte analytique
Nourissier - un pacte pour les proches
Beauvoir - un pacte pour le lecteur
Sarraute - un pacte dialogué avec soi
________________________________________
Philippe Lejeune - L'autobiographie en France (Armand Colin - Collection U2 - 1971)
"S'interroger sur le sens, les moyens, la portée de son geste, tel est le premier acte de l'autobiographe: souvent le texte commence, non point par l'acte de naissance de l'auteur (je suis né le....) mais par une sorte d'acte de naissance du discours, "le pacte autobiographique".
En cela, l'autobiographe n'invente pas: les mémoires commencent rituellement par un pacte de ce genre: exposé d'intention, circonstances où l'on écrit, réfutation d'objections ou de critiques. Mais le rite de présentation a une fonction beaucoup plus importante pour l'autobiographe, puisque la vérité qu'il entreprend de dévoiler lui est personnelle, qu'elle est lui. Ecrire un pacte autobiographique (quel qu'en soit le contenu), c'est d'abord poser sa voix, choisir le ton, le registre dans lequel on va parler, définir son lecteur, les relations qu'on entend avoir avec lui: c'est comme la clef, les dièses ou les bémols en tête de la portée : tout le reste du discours en dépend. C'est choisir son rôle.
[On peut] voir les différents rôles possibles dans cette comédie de la prise de parole, de l'arrogance à la timidité (souvent mélangées), de la voix de théâtre à la voix de salon, du didactisme à la confidence, mais aussi de la subtilité à la platitude. De toute façon, parler de soi ne va pas de soi... Depuis deux siècles qu'on écrit et qu'on lit des autobiographies, il ne semble pas qu'on se soit habitué à la situation. On a beau avoir lu des dizaines de pactes autobiographiques, il faut tout repenser quand il s'agit d'écrire le sien. L'autobiographie s'interroge donc fatalement sur elle-même; elle invente sa problématique et la propose au lecteur."
Cette conduite affichée, cette interrogation sur ce qu'on fait, ne cessent pas une fois le pacte autobiographique terminé: tout au long de l'œuvre, la présence explicite (parfois même indiscrète) du narrateur demeure. C'est là ce qui distingue le récit autobiographique des autres formes du récit à la première personne: une relation constante y est établie entre le passé et le présent, et l'écriture y est mise en scène.
________________________________________
Il conviendra donc d'étudier selon Lejeune :
la relation du narrateur avec le personnage (de l'adulte avec l'enfant) :
- identification et nostalgie => tonalité lyrique (élégiaque)
- distanciation, humour, rejet... => tonalité picaresque
la relation du narrateur avec lui-même devant le lecteur :
- analyser la composition de son récit
problèmes de la mémoire : lacunes, désordre => chronologie, vitesse narrative
- anticiper le regard critique du lecteur
problèmes de la sincérité : inavouable et ineffable => sexualité, bonheur
L'AUTOBIOGRAPHIE:De la vie de soi à la vie d'autrui
Herbert. R. Lottman, Albert Camus, § 2
Albert Camus fut-il ainsi prénommé en l'honneur de la sage-femme, comme l'enfant de son roman autobiographique non publié ? La naissance fut déclarée à la mairie de Mondovi[.]par le père d'Albert qui se déclara âgé de vingt-huit ans et caviste de profession. Sa femme, alors âgée de trente et un ans, fut classée « ménagère » [.] Apparemment, l'enfant naquit dans une longue maison basse crépie à la chaux et couverte de tuiles dans un lotissement de maisons toutes semblables. C'est ainsi qu'elle apparut à un visiteur dans les années soixante [1], tout comme dans la scène de naissance idéalisée qu'écrivit Camus pour Le Premier Homme.
[.] Le 4 juillet, alors qu'Albert n'avait pas encore sept mois, Lucien Auguste informa Ricôme [2] qu'il était convoqué en septembre pour une période militaire de dix-sept jours dans les zouaves, juste pour la prochaine vendange. Il avait été convenu qu'il resterait au domaine du Chapeau de Gendarme pendant la récolte et la vinification. Mais il n'osait demander un sursis, craignant de se le voir refuser par le colonel, et il sollicitait l'avis de son patron.
Cependant, les événements n'allaient pas permettre à Lucien Auguste, pas plus qu'à son patron ni même en l'occurrence à son colonel, d'hésiter sur la marche à suivre. La Grande Guerre approchait, cette grande broyeuse de toute une génération de Français. Le 28 juin, juste une semaine avant la lettre de Lucien Auguste à son patron, l'archiduc François-Ferdinand avait été assassiné à Sarajévo. Le 28 juillet l'Autriche déclarait la guerre à la Serbie.
[.] Lucien Auguste était rappelé et affecté au 1er zouaves, 54ème compagnie. une carte postale souvenir souvent reproduite le montre ayant très fière allure dans son uniforme chamarré. [.] Lucien Auguste mourut le 11 octobre 1914, Catherine reçut un télégramme. Elle reçut également des autorités bien intentionnées de l'hôpital militaire « un petit éclat d'obus retrouvé dans les chairs. La veuve l'a gardé », se rappelle le jeune garçon dans L'Envers et l'Endroit. Il y parle de son père « sans conviction. Aucun souvenir, aucune émotion ».
Herbert. R. Lottman, Albert Camus, § 2
1. Il s'agit d'Emmanuel Roblès, ami de Camus, qui prit des photographies 2. le nom du patron de la grande compagnie de vins qui emploie l père de Camus
L'AUTOBIOGRAPHIE:De la vie de soi à la vie d'autrui
Quand la mort baissera la toile entre moi et le monde, on trouvera que mon drame se divise en trois actes.
Depuis ma première jeunesse jusqu'en 1800, j'ai été soldat et voyageur ; depuis 1800 jusqu'en 1814, sous le Consulat et l'Empire, ma vie a été littéraire ; depuis la Restauration jusqu'à aujourd'hui, ma vie a été politique.
Dans mes trois carrières successives, je me suis toujours proposé une grande tâche : voyageur, j'ai aspiré à la découverte du monde polaire ; littérateur, j'ai essayé de rétablir la religion sur ses ruines ; homme d'état, je me suis efforcé de donner aux peuples le vrai système monarchique représentatif avec ses diverses libertés : j'ai du moins aidé à conquérir celle qui les vaut, les remplace, et tient lieu de toute constitution, la liberté de la presse. Si j'ai échoué dans mes entreprises, il y a eu chez moi faillance de destinée. Les étrangers qui ont succédé dans leurs desseins furent servis par la fortune ; ils avaient derrière eux des amis puissants et une patrie tranquille : je n'ai pas eu ce bonheur.
Des auteurs modernes français de ma date, je suis quasi le seul dont la vie ressemble à ses ouvrages : voyageur, soldat, poète, publiciste, c'est dans les bois que j'ai chanté les bois, sur les vaisseaux que j'ai peint la mer, dans les camps que j'ai parlé des armes, dans l'exil que j'ai appris l'exil, dans les cours, dans les affaires, dans les assemblées, que j'ai étudié les princes, la politique, les lois et l'histoire. Les orateurs de la Grèce et de Rome furent mêlés à la chose publique et en partagèrent le sort. Dans l'Italie et l'Espagne de la fin du Moyen âge et de la Renaissance, les premiers génies des lettres et des arts participèrent au mouvement social. Quelles orageuses et belles vies que celles de Dante, de Tasse, de Camoëns, d'Ercilla, de Cervantès ! [.]
Si j'étais destiné à vivre, je représenterais dans ma personne, représentée dans mes mémoires, les principes, les idées, les événements, les catastrophes, l'épopée de mon temps, d'autant plus que j'ai vu finir et commencer un monde, et que les caractères opposés de cette fin et de ce commencement se trouvent mêlés dans mes opinions. Je me suis rencontré entre les deux siècles comme au confluent de deux fleuves ; j'ai plongé dans leurs eaux troublées, m'éloignant à regret du vieux rivage où j'étais né, et nageant avec espérance vers la rive inconnue où vont aborder les générations nouvelles.
Chateaubriand, Préface testamentaire, MOT
Albert Camus : L'Étranger/ SARTRE "les mots"
http://mael.monnier.free.fr/bac_francais/etranger/index.htm
Un site pour reviser SARTRE (Les Mots)
http://aviquesnel.free.fr/Direlire/sartre.htm
DOCUMENT AUDIO:"SARTRE ET LE GARçON DE CAFE?"
http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&pg=1498
LES MOTS présentation
- Le récit autobiographique de Jean-Paul Sartre intitulé Les Mots paraît en 1964. Sartre y raconte son enfance, non avec la complaisance qu'étalent souvent les souvenirs d'enfance, mais au contraire avec esprit critique et ironie. Il démystifie l'attendrissement dont beaucoup entourent cette époque de la vie, en affirmant : "J'étais un enfant, ce monstre [que les adultes] fabriquent avec leurs regrets."
- Le livre est divisé en deux parties : "Lire", "Ecrire". En effet, l'apprentissage de la lecture et de l'écriture ont été les deux événements les plus marquants pour l'enfant imaginatif et solitaire que fut Jean-Paul Sartre. Son enfance s'est déroulée parmi des adultes.
- Son père était mort alors qu'il n'avait qu'un an, et sa mère, une très jeune femme, était revenue chez ses parents, Charles et Louise Schweitzer. Charles Schweitzer, un Alsacien, enseignait le français aux étrangers, surtout aux Allemands, à Paris. C'était un vieillard majestueux, à la longue barbe blanche, qui, très comédien, jouait les pères nobles tout en déployant avec ostentation beaucoup d'affection pour son petit-fils. Devant cette affectation dans la tendresse, l'enfant devient à son tour comédien, "joue à être sage". Enfant unique, il est choyé par tous, rendu surtout soucieux de plaire et de "bouffonner", ce qui, dit-il, est le sort de tous les enfants bourgeois. La découverte de la lecture lui donne une passion sincère, bien qu'encouragée par l'admiration extasiée de son entourage devant son zèle. Il lit pêle-mêle les classiques de la bibliothèque de son grand-père et les illustrés pour enfants qu'il préfère en secret. A cette époque, à cause de la jeunesse de sa mère, soumise à l'autorité de ses parents, il l'aime plutôt comme une sœur que comme une mère. Il dit avoir gardé une préférence pour ce lien entre frère et sœur ; on rencontre en effet plusieurs fois dans son œuvre un frère et une sœur étroitement liés : Ivich et Boris dans les Chemins de la liberté, Oreste et Electre dans les Mouches, Franz et Leni dans les Séquestrés d'Altona.
- Après la lecture, Sartre découvre l'écriture : dès qu'il sait écrire et avant même de connaître l'orthographe, il se met à rédiger de longs récits d'aventure, inspirés par ses illustrés favoris. Il s'amuse peu à peu à les corser d'épisodes héroïques ou effrayants de son invention. Bien qu'il y ait dans toute cette activité littéraire enfantine beaucoup de comédie destinée à son entourage, ces occupations échappent au fond à la comédie par la passion exclusive que Sartre y met, sans aucun rapport avec la complaisance sans sincérité de sa famille. Très entouré par elle, Sartre manque par contre de camarades de son âge, qu'il ne trouve que quand, de façon tardive, il va régulièrement à l'école.
- Dans tout ce récit, Sartre évoque avec une ironie impitoyable, bien que sans rancœur, ce qui a fait de lui un "enfant truqué", en même temps qu'il met en lumière la vigueur et la précocité de l'activité mentale qui lui a permis d'échapper par l'imagination à ce cadre étroit et artificiel. Son écriture, au contraire de la plupart de ses autres livres, est ici étincelante : rapide, incisive, colorée, vraiment d'un classique.
- (http://www.ac-strasbourg.fr/pedago/lettres/lecture/Motspresent.htm)
Rien ne me troublait plus que de voir mes pattes de mouche échanger peu à peu leur luisance de feux follets contre la terne consistance de la matière : c'était la réalisation de l'imaginaire. Pris au piège de la nomination, un lion, un capitaine du Second Empire, un Bédouin s'introduisaient dans la salle à manger ; ils y demeureraient à jamais captifs, incorporés par les signes ; je crus avoir ancré mes rêves dans le monde par les grattements d'un bec d'acier. Je me fis donner un cahier, une bouteille d'encre violette, j'inscrivis sur la couverture : « Cahier de romans ». Le premier que je menai à bout, je l'intitulai : « Pour un papillon ». Un savant, sa fille, un jeune explorateur athlétique remontaient le cours de l'Amazone en quête d'un papillon précieux. L'argument, les personnages, le détail des aventures, le titre même, j'avais tout emprunté à un récit en images paru le trimestre précédent. Ce plagiat délibéré me délivrait de mes dernières inquiétudes : tout était forcément vrai puisque je n'inventais rien. Je n'ambitionnais pas d'être publié mais je m'étais arrangé pour qu'on m'eût imprimé d'avance et je ne traçais pas une ligne que mon modèle ne cautionnât. Me tenais-je pour un copiste ? Non. Mais pour un auteur original : je retouchais, je rajeunissais ; par exemple, j'avais pris soin de changer les noms des personnages. Ces légères altérations m'autorisaient à confondre la mémoire et l'imagination. Neuves et tout écrites, des phrases se reformaient dans ma tête avec l'implacable sûreté qu'on prête à l'inspiration. Je les transcrivais, elles prenaient sous mes yeux la densité des choses. Si l'auteur inspiré, comme on croit communément, est autre que soi au plus profond de soi-même, j'ai connu l'inspiration entre sept et huit ans.
Je ne fus jamais tout à fait dupe de cette «écriture automatique». Mais le jeu me plaisait aussi pour lui-même : fils unique, je pouvais y jouer seul. Par moments, j'arrêtais ma main, je feignais d'hésiter pour me sentir, front sourcilleux, regard halluciné, un écrivain. J'adorais le plagiat, d'ailleurs, par snobisme et je le poussais délibérément à l'extrême comme on va voir.
Boussenard et Jules Verne ne perdent pas une occasion d'instruire : aux instants les plus critiques, ils coupent le fil du récit pour se lancer dans la description d'une plante vénéneuse, d'un habitant indigène. Lecteur, je sautais ces passages didactiques ; auteur, j'en bourrai mes romans ; je prétendis enseigner à mes contemporains tout ce que j'ignorais : les moeurs des Fuégiens, le flore africaine, le climat du désert. Séparés par un coup du sort puis embarqués sans le savoir sur le même navire et victimes du même naufrage, le collectionneur de papillons et sa fille s'accrochaient à la même bouée, levaient la tête, chacun jetait un cri : « Daisy ! », « Papa ! ». Hélas un squale rodait en quête de chair fraîche, il s'approchait, son ventre brillait entre les vagues. Les malheureux échapperaient-ils à la mort ? J'allais chercher le tome « Pr-Z » du Grand Larousse, je le portais péniblement jusqu'à mon pupitre, l'ouvrais à la bonne page et copiais mot pour mot en passant à la ligne : « Les requins sont communs dans l'Atlantique tropical. Ces grans poissons de mer très voraces atteignent jusqu'à treize mètres de long et pèsent jusqu'à huit tonnes... » Je prenais tout mon temps pour transcrire l'article : je me sentais délicieusement ennuyeux, aussi distingué que Boussenard et, n'ayant pas encore trouvé le moyen de sauver mes héros, je mijotais dans des transes exquises.
Travail à faire à la maison :
2/ Repérez les termes faisant référence à l'acte d'écrire ainsi qu'à la littérature, et classez-les pour faire apparaître les différents aspects de l'écriture abordés dans le texte. Pouvez-vous observer une relation entre ces différents aspects et la structure du texte (nombre et disposition des paragraphes) ?
3/ A partir du classement établi dans la question précédente, énumérez, en les reformulant, les différents problèmes rencontrés par celui qui écrit.
4/ Jean-Paul Sartre se contente-t-il ici d'être un narrateur qui raconte ? Répondez à partir d'indices précis empruntés au texte et identifiés.
5/ Quels sont les rôles du dernier paragraphe ?
Le narrateur, dans un premier temps, laisse déborder son imagination et voit des personnages irréels : « s'introduisaient dans la salle à manger ».
Les indices grammaticaux "je" et "me" permettent au lecteur de penser que le texte a été vécu, non seulement par le narrateur mais également par l'auteur.
« pattes de mouche » est une métaphore pour parler de l'écriture, « un bec d'acier » est une métaphore qui se rapporte à la plume.
L'écriture devient lumière par l'imagination. Dans ce passage, les signes (lettres) deviennent sens.
Après son premier effort sur l'imagination où il fait le parallèle entre la fiction et la réalité, l'auteur met ses rêves en mots. Le cahier est le passage du songe à l'écrit. Le premier effort d'imagination de l'auteur-narrateur est un plagiat, une copie. Le narrateur a l'impression qu'en copiant, tout ce qu'il va écrire va être cautionné par le recopiage même d'un texte publié. Ici on touche au problème et à la place de l'invention dans l'écriture.
« Mais pour un auteur original : je retouchais, je rajeunissais ; par exemple, j'avais pris soin de changer les noms des personnages. » : ce passage évoque la transformation d'un texte. Le narrateur est, d'après lui, un "auteur original" grâce à quelques retouches personnelles.
« Ces légères altérations m'autorisaient à confondre la mémoire et l'imagination. » : le narrateur a conscience de faire exprès de confondre ce qu'il a déjà lu et ce qu'il est en train de "créer".
Dans le texte, Jean-Paul Sartre emploie le mot "inspiration" (qui signifie "souffle divin") avec une certaine ironie puisque en fait il recopie.
Les mots "imagination", "invention", "inspiration" appartiennent au champ lexical de l'écriture.
« Autre que soi au plus profond de soi-même » : le narrateur pense que l'écriture sous-entend un double qui ressortirait dans l'état de transe qui est pour lui l'inspiration.
Le narrateur joue à l'écrivain. (cf. « dupe » « jeu ») Il a envie de ressembler à un écrivain et il imite l'écrivain.
L'« écriture automatique est un terme surréaliste ».
« Lecteur, je sautais ces passages didactiques ; auteur, j'en bourrai mes romans » : Lorsque l'auteur se positionne en tant que lecteur, les descriptions constituent pour lui un ennui, mais ces mêmes descriptions cautionnent pour lui les bons auteurs, donc, auteur, il en rajoute. Le narrateur fait un mélange de pseudo-invention et d'un savoir qu'il n'a pas. Il va chercher ce savoir dans le Grand Larousse. Notons la présence d'une antithèse lorsqu'il se sent « délicieusement ennuyeux » : il y a donc contradiction. Voulant être un écrivain à part entière, il fait comme tous ceux qu'il a lus jusqu'alors.
Sartre est un écrivain lorsqu'il publie Les Mots en 1964, et il raconte dans cette oeuvre lui même tentant de devenir écrivain.
Travail à faire à la maison :
A la manière de Jean-Paul Sartre enfant imitant des auteurs d'aventures, racontez un épisode d'aventure que vous interromprez par une digression informative empruntée à un dictionnaire.
http://membres.lycos.fr/coursdeseconde/lesmotssartre.html
EN BREF....
"Les Mots" retrace le passage de la lecture à l'écriture; ici, premières tentatives enfantines.
L'écriture naissante:
Ø Dénotations de l’acte d'écrire: le choix des verbes, "la nomination", les occurences de l'auteur;
Ø Les instruments pour écrire ("plume", "encre", etc.);
Ø le contenu: "romans", "personnages", "titre", etc.).
Les mots permettent d’évoquer différentes fonctions de l'écriture:
» « ...je crus avoir ancré mes rêves dans le monde par les grattements d'un bec d'acier.» |
Ø les "mots" qui traduisent les "choses" ("terne consistance", "réalisation de l'imaginaire", etc.;
Ø les mots qui font exister la fiction (dans la salle à manger, "tout était... vrai", la "matière", etc.)
L’auteur trouve ici l’occasion d’exprimer sa propre prise de conscience des problèmes liés à l'écriture (repérer les mots clés dans le texte):
Ø le perceptible/l'imaginaire;
Ø l'invention/l'imitation.
Un texte composé des principales constantes de l'écriture autobiographique:
Ø la 1ère personne;
Ø le décalage temporel (récit au passé)
Ø le regard de l'adulte
Autres pistes possibles :
Ø Une fascination de l'auteur pour le pouvoir des mots chez l'enfant ;
Ø Le problème de la reconstitution "a posteriori"
http://site.voila.fr/jmglettres/sartre/lesmots.htm
Analyse du préambule de Sarraute par Francesco
Analyse du préambule de l'autobiographie de Nathalie Sarraute.
1. L'évidente péculiarité qui caractérise le préambule de l'autobiographie proposée, ne concerne pas beaucoup le niveau du contenu, mais celui de la forme narrative utilisée : c'est une structure dialogique qui s'impose tout au cours du texte. CetteWForm choix narrativeWForm représente une particularité du moment que l'utilisation d'un dialogue, de premier abord, paraît un dispositif inapproprié afin de la réalisation d'un texte et soWForm {1}urtout d'un préambule autobiographique à la structure traditionelle, classique (où l'autobiographe coincide avec le narrateur et les faits sont racontés à la première personne).
Malgré cela, NS a résolu cette apparente contradiction formale de façon brillante : le dialogue est en fait intérieur et les deux personnes en train de dialoguer ne sont que les differentes « voix » de la pensée de NS : cela est donc la vraie particularité de ce préambule. De plus, la présence d'un dialogue mental si intense, comme celui du texte,{2} implique l'évidente présence d{3}'incertitudes et {4}doutes, à propos de ce que NS voudrait raconter (sa biographie) et cela signifie, à son tour, qu'en réalité, NS est déja en train de se mettre à nu et que la structure dialogique, alors, a déja contribué {5}spontanément à commencer la narration autobiographique.
2. Ce dispositif particulier, c'est-à-dire, le dialogue intérieur, est mis en évidence, tout d'abord, par la présence de tirets qui servent à distinguer les personnes en train de dialoguer. En outre, les éléments téchniques les plus importants, qui expriment l'intériorité du dialogue et donc la spontanéité des discours, sont la parataxe, la riche utilisation de points de suspension et la générale structure elliptique, qui rend aussi d'une manière très réalistique, la complexité et parfois la incompréhensibilité logique de la pensée humaine, lorsqu'elle est dominée par des incertitudes et des soucis (pour exemplifier, on peut regarder sourtout les lignes initiales, 3-7).
3. La raison principale qui pousse NS à écrire son autobiographie est le besoin intérieur de fixer « ses souvenirs d'enfance » afin qu'ils ne puissent jamais disparaître : selon des visions idéalistiques, en effet, vivre signifie en avoir conscience et donc avoir vécu signifie se souvenir de la vie passée. Cette thèse pourrait justifier le fait que ce dialogue est généralement dominé par des incertitudes, des soucis et de l'anxiété (lignes 2-4); ce sont des sentiments qui engendrent, à la fin, un climax : en effet, on s'aperçoit qu'il s'agit presque d'une bataille interieure («... laisse-moi... »), où , quant aux adversaires (les « voix de la pensée, de l'ame de NS), l'un aspire à écrire son autobiographie, et l'autre est la voix contraire, « grandiloquente » et « outrecuidante » (les caractéristiques de differentes voix nous rév èlent d'ailleurs la même personnalité de NS, c'est-à-dire, l'autobiographie a déja commencé), celle qui cherche à empêcher l'écriture autobiographique.
Francesco Fattorini.
Statistiques
Instances
Description
3
Word formTotal des négatifs 3Total des positifs 0
Feedback (2)narratif
X
TRAVAIL ECRIT CORRIGE' AVEC MARKIN DE Franceso
Commentaire de l'extrait de Camus : « La dernière visite ».
A' l'aide d'un style d'écriture fort simple et direct- réalisé par l'évidente utilisation de la parataxe- et par la présence d'un ton assez désenchanté, l'attitude de Meursault rév èle une certaine indifference à la vie, et aux sentiments. {***}
En effet, la mort d'une personne si chère et importante comme une mère, semble être vécue, par contre, comme s'il s'agissait d'un ennuyeux événement de la normalité ;{***} mais surtout, ce qui étonne le plus est l'effrontée sincérité de la déclaration finale du protagoniste (les trois dérni ères lignes), qui contribue à souligner l'évidente absence d'étroits liens émotifs entre Meursault et sa mère.{***}
Or, le lecteur pourrait tout de suite réagir en affirmant que ce type de déclaration est, d'après le commun point de vue, indiscutablement inacceptable, ou mieux, propre à un être presque méchant et inhumain;{***} mais en analysant plus en profondeur la question, on s'aperçoit qu'en fait, le lecteur n'a pas du tout le droit de juger (négativement, je veux dire), parce si on juge, on ne réaffirme que l'absolute{***} {1} insensibilité de Meursault: mais cette insensibilité n'implique pas nécessairement la méchanceté (consciente) de Meursault, car la dureté sentimental{***} {2} peut être causée par {***} {3}differentes raisons dont il ne pourrait pas être le coupable ; toutes raisons, {4} de plus, pas {5} analysées à fond dans l'extrait (en d'autres mots plus simples : pour juger, il faut d'abord bien connaître les situations).
Mais alors, si on réagit négativement face à l'attitude de Meursault, on le fait uniquement d'après des préjugés injustifiés appartenants à la mentalité de la société. Et tout le monde est souvent influencé par la société, voire {6}Meursault même. {***}
En effet, au début, il hésite à exprimer sincèrement ses vraies raisons, en cherchant à se justifier face au directeur : « j'ai commencé à lui expliquer », et seulement à la fin il réussi{***} {7} par des efforts (« c'est un peu pour cela que.. ») à délivrer vitement (le rhytme accél ère) sa pensé : « et aussi parce que… ».
En conclusion, à mon avis, (sur la base aussi de quelques connaissances du contexte), de ce récit émerge {8} une critique aux valeurs souvent injustifiés de la société, à laquelle s {9}'oppose Meursault, l'homme qui au contraire veut en sortir, en combattant pour la liberté et pour la sincère vérité rationelle des faits.
Francesco Fattorini.Marque 9/10
Statistiques
Instances
Description
1
Sentence fragment
2
Missing word or words
2
Verb form
3
Word form
1
Word order
1
Good!
2
Yes! I agree.
1
Excellent! Well done.
1
Good choice of vocabularyTotal des négatifs 9Total des positifs 5Feedback (1)D'accord
TRAVAIL ECRIT CORRIGE' AVEC MARKIN DE Camilla
L'étranger: la dernière visite
Étude de cet extrait
Les circonstances
Le récit se passe à l'asile où vivait la mère de Meursault, surtout il se situe dans le bureau du directeur. Ce qui me fait comprendre que la mère de Meursaul vient de mourir c'est les mot du directeur : « Vous étiez son seul soutien », « elle était plusheureuse ici ». puis je comprendre
que la mère est morte grace au temps{1} qui le directeur utilise : l'imparfait.
Le personnage principa {2}l
Après la lecture de l'extrait, je comprendre que Meursaul est jeune (« mon petit enfant »), il n'est pas très riche (« vos salaires sont modestes ») et que il n'appartient pas au niveau social él èvé {3} (« vous ne pouviez pas subvenir à ses besoins »).
Le rapport avec les autres
Meursault se comporte avec une attitude de patiente mais aussi d'arrogance avec le directeur : « oui monsieur le directeur ! ».
Tandis que avec sa mère Meursault est totallement indifferent, en e{***} {4}fet avec lui la mère devait s'ennuyer parce que {5}lui elle n'avait rien à partager, en outre il ne voulait pas aller la voir poue{6} deux raisons : faire du visite {7}lui prenait tout le dimanche et faire du visite est une chose trop {***}abituelle{8}.
La mère de Meursault{9} elle était très attachée à son fils, en effet quand elle était à la maison elle suivait son fils des yeux et quand elle était à l'asile elle pleurait pour lui.
Tandis que le consierge le concierge étaità était indifferent à Meursault et le directeur a eu un attitude d'arrogance parce qu'il avait des prejugés parce que Mersaul n'est pas riche. En effet il lui dit que il n'a pas à se justifier mais après il dit que il ne peut pas « subvenir » aux besoins de sa mère.
Le récit
Si le passage était à la troisième personne, seln moi, il y aurait une difference, c'est-à-dire le sentiments auraient été mieux éxprimés. La phrase qui {10}selon moi montre le sentiments d'un homme qui vient de perdre sa mère est : « j'ai voulu voir maman tout de suite ». en outre les mots qu'on purrait s {11}'attendre à trouver dans un Récit semblable {***} {12}sont des mots de {13}souffrence et de tristesse et non d'indifference totale.
Selon moi un journaliste du Monde aurait pu écrit ce passage parce qu'il est froid.
Ce passage est sentimental dans la dernière partie où il y a la mère de Meursault pleurante, tandis que il est sec et imporsonnel {14} parce que le narrateur est totallement indifferent.
Un monde mécanique
La communication est difficile entre Meursault et sa mère, tandis que{***} {15} est impossible entre Meursault et le directeur (« il m'a interrompu », « il a consulté un dossier »).
les clichés dans ce texte sont, selon moi : la justification que le directeur donne à Meursault qui est tipique {16} d'un directeur d'asile et le larme de la mère de Meursaul.
Camilla MauriMarque 7/10
Statistiques
Instances
Description
1
Verb form
2
Verb tense
1
Poor word choice
12
Word formTotal des négatifs 16Total des positifs 0Feedback (2)je comprends
Répertoires
http://upracd.upr.clu.edu:9090/%7Eportofra/repertoire.htm
Repères culturels
Testez votre culture littéraire en faisant les exercices interactifs.
Vous pouvez aussi télécharger la version papier au format Word ou au format pdf , ainsi que le corrigé au format Word ou au format pdf
http://www.b-a-ba.net/reperes_culturels/Reperes_culturels.php
LE DIALOGUE THEATRAL
Texte 1 Molière, Le Malade imaginaire (1673), acte l, scène 5, fin.
(Toinette est la servante d'Argan, qui veut donner sa fille en mariage au neveu de son médecin.)
ARGAN. - On dira ce qu'on voudra ; mais je vous dis que je veux qu'elle exécute la parole que j'ai donnée.
TOINETTE - Non : je suis sûre qu'elle ne le fera pas.
ARGAN. - Je l'y forcerai bien.
TOINETTE. - Elle ne le fera pas , vous dis-je.
ARGAN. - Elle le fera ou je la mettrai dans un couvent.
TOINETTE – Vous ?
ARGAN. - Moi.
TOINETTE. - Bon.
ARGAN. - Comment, «bon » ?
TOINETTE. - Vous ne la mettrez point dans un couvent.
ARGAN. - Je ne la mettrai point dans un couvent ?
TOINETTE. - Non.
ARGAN. - Non ?
TOINETTE. - Non.
ARGAN. - Ouais! Voici qui est plaisant : je ne mettrai point ma fille dans un couvent, Si je veux ?
TOINETTE. - Non, vous dis-je.
ARGAN. - Qui m'en empêchera ?
TOINETTE. - Vous-même.
ARGAN. - Moi ?
TOINETTE. - Oui, vous n'aurez pas ce cœur-là.
ARGAN. – Je l’aurai.
TOINETTE. - Vous vous moquez.
ARGAN. - Je ne me moque point.
TOINETTE - La tendresse paternelle vous prendra.
ARGAN. - Elle ne me prendra point.
TOINETTE - Une petite larme ou deux, des bras jetés tendrement au cou, un «mon petit papa mignon », prononcé tendrement sera assez pour vous toucher.
ARGAN. - Tout cela ne fera rien.
TOINETTE :- Oui, oui.
ARGAN. - Je vous dis que je n'en démordrai point.
TOINETTE. - Bagatelles.
ARGAN. - Il ne faut point dire «bagatelles».
TOINETTE. - Mon Dieu ! Je vous connais, vous êtes bon naturellement.
ARGAN, avec emportement - Je ne suis point bon et je suis méchant quand je veux.
TOINETTE. - Doucement, Monsieur vous ne songez pas que vous êtes malade.
ARGAN. - Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.
TOINETTE - Et moi, je lui défends absolument d'en faire rien.
ARGAN. - Où est-ce donc que nous sommes ? Et quelle audace est-ce là à une coquine de servante de parler de la sorte devant son maître ?
TOINETTE. - Quand un maître ne songe pas à ce qu'il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser.
ARGAN court après Tomette. - Ah! Insolente, il faut que je t'assomme.
TOINETTE se sauve de lui - il est de mon devoir de m'opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer.
ARGAN, en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main. -Viens, viens, que je t'apprenne à parler.
TOINETTE, courant, et se sauvant du côté de la chaise où n'est pas.- Je m'intéresse, comme je dois, à ne vous point laisser faire de folie.
ARGAN. - Chienne!
TOINETTE. - Non, je ne consentirai jamais à ce mariage.
ARGAN. - Pendarde!
.TOINETTE - Je ne veux point qu'elle épouse votre Thomas Diafoirus.
ARGAN. - Carogne!
TOINETTE. - Et elle m'obéira plutôt qu'à vous.
ARGAN. - Angélique, ru ne veux pas m'arrêter cette coquine-là ?
ANGELIQUE. - Eh ! Mon père, ne vous faites point malade.
ARGAN. - Si tu ne me l'arrêtes, je te donnerai ma malédiction.
TOINETTE. - Et moi , je la déshériterai si elle vous obéit.
ARGAN se jette dans sa chaise, étant las de courir après elle. - Ah je n'en puis plus. Voilà pour me faire mourir.
faire mourir.
Texte 2 Marivaux, le jeu de l'amour et du hasard (1730), acte III scène 5 Le contexte est donné en classe
ARLEQUIN Hélas ! Monsieur, mon très honoré maitre, je vous en conjure !
DORANTE. - Encore ?
ARLEQUIN. - Ayez la compassion de ma bonne aventure ne portez point guignon à mon bonheur qui va son train si rondement; ne lui fermez point le passage.
DORANTE - Allons donc, misérable ; je crois que tu te moques de moi ; tu mériterais cents coups de bâton.
. ARLEQUIN. - Je ne les refuse point, si je les mérite; mais quand je les aurais reçus, permettez-moi d'en mériter d'autres. Voulez-vous que j'aille chercher le bâton?
DORANTE - Maraud!
ARLEQUIN. - Maraud, soit; mais cela n'est point contraire à faire fortune.
DORANTE - Ce coquin! Quelle imagination il lui prend!
ARLEQUIN - Coquin est encore bon, il me convient aussi : un maraud n'est point déshonoré d'être appelé coquin; Mais un coquin peut faire un bon mariage.
DORANTE - Comment insolent! tu veux que je laisse un honnête homme dans l'erreur, et que je souffre que tu épouses sa fille sous mon nom? Ecoute: Si tu me parles encore de cette impertinence-là, dès que j'aurai averti Monsieur Orgon de ce que tu es, je te chasse, entends-tu?
ARLEQUIN. - Accommodons-nous; cette demoiselle m'adore1 elle m'idolâtre; si je lui dis mon état de valet, et que. nonobstant, son tendre cœur soit toujours friand de la noce avec moi, ne laisserez-vous pas jouer les violons? ~
DORANTE - Dès qu'on te connaîtra, je ne m'en embarrasse plus.
ARLEQUIN. - Bon! et je vais de ce pas prévenir cette généreuse personne sur mon habit de caractère. J'espère que ce ne sera pas un galon de couleur qui nous brouillera ensemble, et que son amour me fera passer à la table, en dépit du sort qui m'a mis au buffet.
Texte 3 Marivaux, L'île des esclaves
Scène première
Le théâtre représente une mer et des rochers d'un côté, et de l'autre quelques arbres et des maisons.
Iphicrate s'avance tristement sur le théâtre avec Arlequin
Iphicrate , après avoir soupiré. - ARLEQUIN!
ARLEQUIN, avec une bouteille de vin qu'il a à sa ceinture. - Mon patron!
Iphicrate . - Que deviendrons-nous dans cette île?
ARLEQUIN. - Nous deviendrons maigres, étiques, et puis morts de faim; voilà mon sentiment et notre histoire.
Iphicrate . - Nous sommes seuls échappés du naufrage; tous nos camarades ont péri, et j'envie maintenant leur sort.
ARLEQUIN. - Hélas! ils sont noyés dans la mer, et nous avons la même commodité.
Iphicrate . - Dis-moi: quand notre vaisseau s'est brisé contre le rocher, quelques-uns des nôtres ont eu le temps de se jeter dans la chaloupe; il est vrai que les vagues l'ont enveloppée: je ne sais ce qu'elle est devenue; mais peut-être auront-ils eu le bonheur d'aborder en quelque endroit de l'île, et je suis d'avis que nous les cherchions.
ARLEQUIN. - Cherchons, il n'y a pas de mal à cela; mais reposons-nous auparavant pour boire un petit coup d'eau-de-vie: j'ai sauvé ma pauvre bouteille, la voilà; j'en boirai les deux tiers, comme de raison, et puis je vous donnerai le reste.
Iphicrate . - Eh! ne perdons point de temps; suis-moi: ne négligeons rien pour nous tirer d'ici. Si je ne me sauve, je suis perdu; je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes dans l'île des Esclaves.
ARLEQUIN. - Oh! oh! qu'est-ce que c'est que cette race-là?
Iphicrate . - Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici: tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases; et leur coutume, mon cher ARLEQUIN, est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage.
ARLEQUIN. - Eh! chaque pays a sa coutume; ils tuent les maîtres, à la bonne heure; je l'ai entendu dire aussi, mais on dit qu'ils ne font rien aux esclaves comme moi.
Iphicrate . - Cela est vrai.
ARLEQUIN. - Eh! encore vit-on.
Iphicrate . - Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie: ARLEQUIN, cela ne te suffit-il pas pour me plaindre?
ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire. - Ah! je vous plains de tout mon coeur, cela est juste.
Iphicrate . - Suis-moi donc.
ARLEQUIN siffle. - Hu, hu, hu.
Iphicrate . - Comment donc! que veux-tu dire?
ARLEQUIN, distrait, chante. - Tala ta lara.
Iphicrate . - Parle donc, as-tu perdu l'esprit? à quoi penses-tu?
ARLEQUIN, - riant. - Ah, ah, ah, Monsieur Iphicrate , la drôle d'aventure! je vous plains, par ma foi, mais je ne saurais m'empêcher d'en rire.
Iphicrate , à part les premiers mots. - (Le coquin abuse de ma situation; j'ai mal fait de lui dire où nous sommes.) ARLEQUIN, ta gaieté ne vient pas à propos; marchons de ce côté.
ARLEQUIN. - J'ai les jambes si engourdies.
Iphicrate . - Avançons, je t'en prie.
ARLEQUIN. - Je t'en prie, je t'en prie; comme vous êtes civil et poli; c'est l'air du pays qui fait cela.
Iphicrate . - Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur la côte pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos gens; et en ce cas-là, nous nous rembarquerons avec eux.
ARLEQUIN, en badinant. - Badin, comme vous tournez cela!
Il chante:
L'embarquement est divin
Quand on vogue, vogue, vogue,
L'embarquement est divin,
Quand on vogue avec Catin.
Iphicrate , retenant sa colère. - Mais je ne te comprends point, mon cher ARLEQUIN.
ARLEQUIN. - Mon cher patron, vos compliments me charment; vous avez coutume de m'en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là; et le gourdin est dans la chaloupe.
Iphicrate . - Eh! ne sais-tu pas que je t'aime?
ARLEQUIN. - Oui; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. Ainsi, tenez, pour ce qui est de nos gens, que le ciel les bénisse! s'ils sont morts, en voilà pour longtemps; s'ils sont en vie, cela se passera, et je m'en goberge.
Iphicrate , un peu ému. - Mais j'ai besoin d'eux, moi.
ARLEQUIN, indifféremment. - Oh! cela se peut bien, chacun a ses affaires: que je ne vous dérange pas!
Iphicrate . - Esclave insolent!
ARLEQUIN, riant. - Ah! ah! vous parlez la langue d'Athènes; mauvais jargon que je n'entends plus.
Iphicrate . - Méconnais-tu ton maître, et n'es-tu plus mon esclave?
ARLEQUIN, se reculant d'un air sérieux. Je l'ai été, je le confesse à ta honte; mais va, je te le pardonne; les hommes ne valent rien. Dans le pays d'Athènes j'étais ton esclave, tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort. Eh bien! Iphicrate , tu vas trouver ici plus fort que toi; on va te faire esclave à ton tour; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice-là; tu m'en diras ton sentiment, je t'attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable; tu sauras mieux ce qu'il est de faire souffrir aux autres. Tout en irait mieux dans le monde, si ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi. Adieu, mon ami; je vais trouver mes camarades et tes maîtres. (Il s'éloigne.)
Iphicrate , au désespoir, courant après lui l'épée à la main. - Juste ciel! peut-on être plus malheureux et plus outragé que je le suis? Misérable! tu ne mérites pas de vivre.
ARLEQUIN. - Doucement, tes forces sont bien diminuées, car je ne t'obéis plus, prends-y garde.
Tetxe4 Beaumarchais Le Mariage de Figaro Acte III scène V (extrait )
Le Comte Almaviva convoite la fiancée de FigaroSuzanne et cherche à emmener le couple avec lui dans son ambassade de Londres. La comtesses malheureuse de cette infidélité du comte lui a de son côté dissimulé, avec la complicité de Suzanne et de Figaro qu'elle a reçu le jeunes page du comte Chérubin.
LE COMTE, à part: Il veut venir à Londres; elle n'a pas parlé.
FIGARO, à part: Il croit que je ne sais rien; travaillons-le un peu, dans son genre.
LE COMTE: Quel motif avait la Comtesse, pour me jouer un pareil tour?
FIGARO: Ma foi, Monseigneur, vous le savez mieux que moi.
LE COMTE: Je la préviens sur tout, et la comble de présents.
FIGARO: Vous lui donnez, mais vous êtes infidèle. Sait-on gré du superflu, à qui nous prive du nécessaire?
LE COMTE: ... Autrefois tu me disais tout.
FIGARO: Et maintenant je ne vous cache rien.
LE COMTE: Combien la Comtesse t'a-t-elle donné pour cette belle association?
FIGARO: Combien me donnâtes-vous pour la tirer des mains du docteur? Tenez, Monseigneur, n'humilions pas l'homme qui nous sert bien, crainte d'en faire un mauvais valet.
LE COMTE: Pourquoi faut-il qu'il y ait toujours du louche en ce que tu fais?
FIGARO: C'est qu'on en voit partout quand on cherche des torts.
LE COMTE: Une réputation détestable!
FIGARO: Et si je vaux mieux qu'elle? y a-t-il beaucoup de seigneurs qui puissent en dire autant?
LE COMTE: Cent fois je t'ai vu marcher à la fortune et jamais aller droit.
FIGARO: Comment voulez-vous? la foule est là: chacun veut courir, on se presse, on pousse, on coudoie, on renverse, arrive qui peut; le reste est écrasé. Aussi c'est fait; pour moi j'y renonce.
LE COMTE: A la fortune? (A part.) Voici du neuf.
FIGARO (A part.): À mon tour maintenant. (Haut.) Votre Excellence m'a gratifié de la conciergerie du château; c'est un fort joli sort; à la vérité je ne serai pas le courrier étrenné des nouvelles intéressantes; mais en revanche, heureux avec ma femme au fond de l'Andalousie...
LE COMTE: Qui t'empêcherait de l'emmener à Londres?
FIGARO: Il faudrait la quitter si souvent que j'aurais bientôt du mariage par-dessus la tête.
LE COMTE: Avec du caractère et de l'esprit, tu pourrais un jour t'avancer dans les bureaux.
FIGARO: De l'esprit pour s'avancer? Monseigneur se rit du mien. Médiocre et rampant; et l'on arrive à tout.
LE COMTE: ... Il ne faudrait qu'étudier un peu sous moi la politique.
FIGARO: Je la sais.
LE COMTE: Comme l'anglais, le fond de la langue!
FIGARO: Oui, s'il y avait de quoi se vanter. Mais, feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce qu'on ignore, d'entendre ce qu'on ne comprend pas, de ne point ouïr ce qu'on entend, surtout de pouvoir au-delà de ses forces; avoir souvent pour grand secret de cacher qu'il n'y en a point; s'enfermer pour tailler des plumes, et paraître profond, quand on n'est, comme on dit, que vide et creux; jouer bien ou mal un personnage; répandre des espions et pensionner des traîtres; amollir des cachets; intercepter des lettres; et tâcher d'ennoblir la pauvreté des moyens par l'importance des objets. Voilà toute la politique, ou je meure!
LE COMTE: Eh! c'est l'intrigue que tu définis !
FIGARO: La politique, l'intrigue, volontiers mais, comme je les crois un peu germaines, en fasse qui voudra. "J'aime mieux ma mie, ô gué! " comme dit la chanson du bon roi.
LE COMTE, à part: Il veut rester. J'entends... Suzanne m'a trahi.
FIGARO, à part: Je l'enfile et le paye en sa monnaie.
LE COMTE: Ainsi tu espères gagner ton procès contre Marceline?
FIGARO: Me feriez-vous un crime de refuser une vieille fille, quand Votre Excellence se permet de nous souffler toutes les jeunes?
LE COMTE, raillant: Au tribunal, le magistrat s'oublie, et ne voit plus que l'ordonnance.
FIGARO: Indulgente aux grands, dure aux petits...
LE COMTE: Crois-tu donc que je plaisante?
FIGARO: Eh! qui le sait, Monseigneur? Tempo è galant 'uomo dit l'italien; il dit toujours la vérité; c'est lui qui m'apprendra qui me veut du mal, ou du bien.
LE COMTE, à part: Je vois qu'on lui a tout dit; il épousera la duègne.
FIGARO, à part: Il a joué au fin avec moi; qu'a-t-il appris?
GROUPEMENT DE TEXTES 1:LE DIALOGUE THEATRAL
Texte 1 Molière, Le Malade imaginaire (1673), acte l, scène 5, fin.
Texte 1 Molière, Le Malade imaginaire (1673), acte l, scène 5, fin.
(Toinette est la servante d'Argan, qui veut donner sa fille en mariage au neveu de son médecin.)
ARGAN. - On dira ce qu'on voudra ; mais je vous dis que je veux qu'elle exécute la parole que j'ai donnée.
TOINETTE - Non : je suis sûre qu'elle ne le fera pas.
ARGAN. - Je l'y forcerai bien.
TOINETTE. - Elle ne le fera pas , vous dis-je.
ARGAN. - Elle le fera ou je la mettrai dans un couvent.
TOINETTE – Vous ?
ARGAN. - Moi.
TOINETTE. - Bon.
ARGAN. - Comment, «bon » ?
TOINETTE. - Vous ne la mettrez point dans un couvent.
ARGAN. - Je ne la mettrai point dans un couvent ?
TOINETTE. - Non.
ARGAN. - Non ?
TOINETTE. - Non.
ARGAN. - Ouais! Voici qui est plaisant : je ne mettrai point ma fille dans un couvent, Si je veux ?
TOINETTE. - Non, vous dis-je.
ARGAN. - Qui m'en empêchera ?
TOINETTE. - Vous-même.
ARGAN. - Moi ?
TOINETTE. - Oui, vous n'aurez pas ce cœur-là.
ARGAN. – Je l’aurai.
TOINETTE. - Vous vous moquez.
ARGAN. - Je ne me moque point.
TOINETTE - La tendresse paternelle vous prendra.
ARGAN. - Elle ne me prendra point.
TOINETTE - Une petite larme ou deux, des bras jetés tendrement au cou, un «mon petit papa mignon », prononcé tendrement
sera assez pour vous toucher.
ARGAN. - Tout cela ne fera rien.
TOINETTE :- Oui, oui.
ARGAN. - Je vous dis que je n'en démordrai point.
TOINETTE. - Bagatelles.
ARGAN. - Il ne faut point dire «bagatelles».
TOINETTE. - Mon Dieu ! Je vous connais, vous êtes bon naturellement.
ARGAN, avec emportement - Je ne suis point bon et je suis méchant quand je veux.
TOINETTE. - Doucement, Monsieur vous ne songez pas que vous êtes malade.
ARGAN. - Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.
TOINETTE - Et moi, je lui défends absolument d'en faire rien.
ARGAN. - Où est-ce donc que nous sommes ? Et quelle audace est-ce là à une coquine de servante de parler de la sorte devant son maître ?
TOINETTE. - Quand un maître ne songe pas à ce qu'il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser.
ARGAN court après Tomette. - Ah! Insolente, il faut que je t'assomme.
TOINETTE se sauve de lui - il est de mon devoir de m'opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer.
ARGAN, en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main. -Viens, viens, que je t'apprenne à parler.
TOINETTE, courant, et se sauvant du côté de la chaise où n'est pas.
- Je m'intéresse, comme je dois, à ne vous point laisser faire de folie.
ARGAN. - Chienne!
TOINETTE. - Non, je ne consentirai jamais à ce mariage.
ARGAN. - Pendarde!
.TOINETTE - Je ne veux point qu'elle épouse votre Thomas Diafoirus.
ARGAN. - Carogne!
TOINETTE. - Et elle m'obéira plutôt qu'à vous.
ARGAN. - Angélique, tu ne veux pas m'arrêter cette coquine-là ?
ANGELIQUE. - Eh ! Mon père, ne vous faites point malade.
ARGAN. - Si tu ne me l'arrêtes, je te donnerai ma malédiction.
TOINETTE. - Et moi , je la déshériterai si elle vous obéit.
ARGAN se jette dans sa chaise, étant las de courir après elle. - Ah je n'en puis plus. Voilà pour me faire mourir.
faire mourir.
Texte 2 Marivaux, le jeu de l'amour et du hasard (1730), acte III scène 5
Le contexte est donne en classe
ARLEQUIN Hélas ! Monsieur, mon très honoré maitre, je vous en conjure !
DORANTE. - Encore ?
ARLEQUIN. - Ayez la compassion de ma bonne aventure ne portez point guignon à mon bonheur qui va son train si rondement; ne lui fermez point le passage.
DORANTE - Allons donc, misérable ; je crois que tu te moques de moi ; tu mériterais cents coups de bâton.
. ARLEQUIN. - Je ne les refuse point, si je les mérite; mais quand je les aurais reçus, permettez-moi d'en mériter d'autres. Voulez-vous que j'aille chercher le bâton?
DORANTE - Maraud!
ARLEQUIN. - Maraud, soit; mais cela n'est point contraire à faire fortune.
DORANTE - Ce coquin! Quelle imagination il lui prend!
ARLEQUIN - Coquin est encore bon, il me convient aussi : un maraud n'est point déshonoré d'être appelé coquin; Mais un coquin peut faire un bon mariage.
DORANTE - Comment insolent! tu veux que je laisse un honnête homme dans l'erreur, et que je souffre que tu épouses sa fille sous mon nom? Ecoute: Si tu me parles encore de cette impertinence-là, dès que j'aurai averti Monsieur Orgon de ce que tu es, je te chasse, entends-tu?
ARLEQUIN. - Accommodons-nous; cette demoiselle m'adore1 elle m'idolâtre; si je lui dis mon état de valet, et que. nonobstant, son tendre cœur soit toujours friand de la noce avec moi, ne laisserez-vous pas jouer les violons? ~
DORANTE - Dès qu'on te connaîtra, je ne m'en embarrasse plus.
ARLEQUIN. - Bon! et je vais de ce pas prévenir cette généreuse personne sur mon habit de caractère. J'espère que ce ne sera pas un galon de couleur qui nous brouillera ensemble, et que son amour me fera passer à la table, en dépit du sort qui m'a mis au buffet.
Texte 3 Marivaux, L'île des esclaves
Scène première
Le théâtre représente une mer et des rochers d'un côté, et de l'autre quelques arbres et des maisons.
Iphicrate s'avance tristement sur le théâtre avec Arlequin
Iphicrate , après avoir soupiré. - ARLEQUIN!
ARLEQUIN, avec une bouteille de vin qu'il a à sa ceinture. - Mon patron!
Iphicrate . - Que deviendrons-nous dans cette île?
ARLEQUIN. - Nous deviendrons maigres, étiques, et puis morts de faim; voilà mon sentiment et notre histoire.
Iphicrate . - Nous sommes seuls échappés du naufrage; tous nos camarades ont péri, et j'envie maintenant leur sort.
ARLEQUIN. - Hélas! ils sont noyés dans la mer, et nous avons la même commodité.
Iphicrate . - Dis-moi: quand notre vaisseau s'est brisé contre le rocher, quelques-uns des nôtres ont eu le temps de se jeter dans la chaloupe; il est vrai que les vagues l'ont enveloppée: je ne sais ce qu'elle est devenue; mais peut-être auront-ils eu le bonheur d'aborder en quelque endroit de l'île, et je suis d'avis que nous les cherchions.
ARLEQUIN. - Cherchons, il n'y a pas de mal à cela; mais reposons-nous auparavant pour boire un petit coup d'eau-de-vie: j'ai sauvé ma pauvre bouteille, la voilà; j'en boirai les deux tiers, comme de raison, et puis je vous donnerai le reste.
Iphicrate . - Eh! ne perdons point de temps; suis-moi: ne négligeons rien pour nous tirer d'ici. Si je ne me sauve, je suis perdu; je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes dans l'île des Esclaves.
ARLEQUIN. - Oh! oh! qu'est-ce que c'est que cette race-là?
Iphicrate . - Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici: tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases; et leur coutume, mon cher ARLEQUIN, est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage.
ARLEQUIN. - Eh! chaque pays a sa coutume; ils tuent les maîtres, à la bonne heure; je l'ai entendu dire aussi, mais on dit qu'ils ne font rien aux esclaves comme moi.
Iphicrate . - Cela est vrai.
ARLEQUIN. - Eh! encore vit-on.
Iphicrate . - Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie: ARLEQUIN, cela ne te suffit-il pas pour me plaindre?
ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire. - Ah! je vous plains de tout mon coeur, cela est juste.
Iphicrate . - Suis-moi donc.
ARLEQUIN siffle. - Hu, hu, hu.
Iphicrate . - Comment donc! que veux-tu dire?
ARLEQUIN, distrait, chante. - Tala ta lara.
Iphicrate . - Parle donc, as-tu perdu l'esprit? à quoi penses-tu?
ARLEQUIN, - riant. - Ah, ah, ah, Monsieur Iphicrate , la drôle d'aventure! je vous plains, par ma foi, mais je ne saurais m'empêcher d'en rire.
Iphicrate , à part les premiers mots. - (Le coquin abuse de ma situation; j'ai mal fait de lui dire où nous sommes.) ARLEQUIN, ta gaieté ne vient pas à propos; marchons de ce côté.
ARLEQUIN. - J'ai les jambes si engourdies.
Iphicrate . - Avançons, je t'en prie.
ARLEQUIN. - Je t'en prie, je t'en prie; comme vous êtes civil et poli; c'est l'air du pays qui fait cela.
Iphicrate . - Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur la côte pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos gens; et en ce cas-là, nous nous rembarquerons avec eux.
ARLEQUIN, en badinant. - Badin, comme vous tournez cela!
Il chante:
L'embarquement est divin
Quand on vogue, vogue, vogue,
L'embarquement est divin,
Quand on vogue avec Catin.
Iphicrate , retenant sa colère. - Mais je ne te comprends point, mon cher ARLEQUIN.
ARLEQUIN. - Mon cher patron, vos compliments me charment; vous avez coutume de m'en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là; et le gourdin est dans la chaloupe.
Iphicrate . - Eh! ne sais-tu pas que je t'aime?
ARLEQUIN. - Oui; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. Ainsi, tenez, pour ce qui est de nos gens, que le ciel les bénisse! s'ils sont morts, en voilà pour longtemps; s'ils sont en vie, cela se passera, et je m'en goberge.
Iphicrate , un peu ému. - Mais j'ai besoin d'eux, moi.
ARLEQUIN, indifféremment. - Oh! cela se peut bien, chacun a ses affaires: que je ne vous dérange pas!
Iphicrate . - Esclave insolent!
ARLEQUIN, riant. - Ah! ah! vous parlez la langue d'Athènes; mauvais jargon que je n'entends plus.
Iphicrate . - Méconnais-tu ton maître, et n'es-tu plus mon esclave?
ARLEQUIN, se reculant d'un air sérieux. Je l'ai été, je le confesse à ta honte; mais va, je te le pardonne; les hommes ne valent rien. Dans le pays d'Athènes j'étais ton esclave, tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort. Eh bien! Iphicrate , tu vas trouver ici plus fort que toi; on va te faire esclave à ton tour; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice-là; tu m'en diras ton sentiment, je t'attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable; tu sauras mieux ce qu'il est de faire souffrir aux autres. Tout en irait mieux dans le monde, si ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi. Adieu, mon ami; je vais trouver mes camarades et tes maîtres. (Il s'éloigne.)
Iphicrate , au désespoir, courant après lui l'épée à la main. - Juste ciel! peut-on être plus malheureux et plus outragé que je le suis? Misérable! tu ne mérites pas de vivre.
ARLEQUIN. - Doucement, tes forces sont bien diminuées, car je ne t'obéis plus, prends-y garde.
Texte 4 Beaumarchais Le Mariage de Figaro Acte III scène V (extrait )
Le Comte Almaviva convoite la fiancée de FigaroSuzanne et cherche à emmener le couple avec lui dans son ambassade de Londres. La comtesses malheureuse de cette infidélité du comte lui a de son côté dissimulé, avec la complicité de Suzanne et de Figaro qu'elle a reçu le jeunes page du comte Chérubin.
LE COMTE, à part: Il veut venir à Londres; elle n'a pas parlé.
FIGARO, à part: Il croit que je ne sais rien; travaillons-le un peu, dans son genre.
LE COMTE: Quel motif avait la Comtesse, pour me jouer un pareil tour?
FIGARO: Ma foi, Monseigneur, vous le savez mieux que moi.
LE COMTE: Je la préviens sur tout, et la comble de présents.
FIGARO: Vous lui donnez, mais vous êtes infidèle. Sait-on gré du superflu, à qui nous prive du nécessaire?
LE COMTE: ... Autrefois tu me disais tout.
FIGARO: Et maintenant je ne vous cache rien.
LE COMTE: Combien la Comtesse t'a-t-elle donné pour cette belle association?
FIGARO: Combien me donnâtes-vous pour la tirer des mains du docteur? Tenez, Monseigneur, n'humilions pas l'homme qui nous sert bien, crainte d'en faire un mauvais valet.
LE COMTE: Pourquoi faut-il qu'il y ait toujours du louche en ce que tu fais?
FIGARO: C'est qu'on en voit partout quand on cherche des torts.
LE COMTE: Une réputation détestable!
FIGARO: Et si je vaux mieux qu'elle? y a-t-il beaucoup de seigneurs qui puissent en dire autant?
LE COMTE: Cent fois je t'ai vu marcher à la fortune et jamais aller droit.
FIGARO: Comment voulez-vous? la foule est là: chacun veut courir, on se presse, on pousse, on coudoie, on renverse, arrive qui peut; le reste est écrasé. Aussi c'est fait; pour moi j'y renonce.
LE COMTE: A la fortune? (A part.) Voici du neuf.
FIGARO (A part.): À mon tour maintenant. (Haut.) Votre Excellence m'a gratifié de la conciergerie du château; c'est un fort joli sort; à la vérité je ne serai pas le courrier étrenné des nouvelles intéressantes; mais en revanche, heureux avec ma femme au fond de l'Andalousie...
LE COMTE: Qui t'empêcherait de l'emmener à Londres?
FIGARO: Il faudrait la quitter si souvent que j'aurais bientôt du mariage par-dessus la tête.
LE COMTE: Avec du caractère et de l'esprit, tu pourrais un jour t'avancer dans les bureaux.
FIGARO: De l'esprit pour s'avancer? Monseigneur se rit du mien. Médiocre et rampant; et l'on arrive à tout.
LE COMTE: ... Il ne faudrait qu'étudier un peu sous moi la politique.
FIGARO: Je la sais.
LE COMTE: Comme l'anglais, le fond de la langue!
FIGARO: Oui, s'il y avait de quoi se vanter. Mais, feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce qu'on ignore, d'entendre ce qu'on ne comprend pas, de ne point ouïr ce qu'on entend, surtout de pouvoir au-delà de ses forces; avoir souvent pour grand secret de cacher qu'il n'y en a point; s'enfermer pour tailler des plumes, et paraître profond, quand on n'est, comme on dit, que vide et creux; jouer bien ou mal un personnage; répandre des espions et pensionner des traîtres; amollir des cachets; intercepter des lettres; et tâcher d'ennoblir la pauvreté des moyens par l'importance des objets. Voilà toute la politique, ou je meure!
LE COMTE: Eh! c'est l'intrigue que tu définis !
FIGARO: La politique, l'intrigue, volontiers mais, comme je les crois un peu germaines, en fasse qui voudra. "J'aime mieux ma mie, ô gué! " comme dit la chanson du bon roi.
LE COMTE, à part: Il veut rester. J'entends... Suzanne m'a trahi.
FIGARO, à part: Je l'enfile et le paye en sa monnaie.
LE COMTE: Ainsi tu espères gagner ton procès contre Marceline?
FIGARO: Me feriez-vous un crime de refuser une vieille fille, quand Votre Excellence se permet de nous souffler toutes les jeunes?
LE COMTE, raillant: Au tribunal, le magistrat s'oublie, et ne voit plus que l'ordonnance.
FIGARO: Indulgente aux grands, dure aux petits...
LE COMTE: Crois-tu donc que je plaisante?
FIGARO: Eh! qui le sait, Monseigneur? Tempo è galant 'uomo dit l'italien; il dit toujours la vérité; c'est lui qui m'apprendra qui me veut du mal, ou du bien.
LE COMTE, à part: Je vois qu'on lui a tout dit; il épousera la duègne.
FIGARO, à part: Il a joué au fin avec moi; qu'a-t-il appris?