venerdì 15 giugno 2007

Quelques extraits tirés de “l’essai sur l’origine des langues”, où Rousseau évoque aussi le rapport entre la musique et le langage parlé.

Un élève, FRANCESCO FATTORINI,musicien, se pose des questions sur "l'origine de la musique" et "cherche" quelques réponses dans les mots de Rousseau. Voilà les extraits que Francesco nous propose après sa recherche ..


Quelques extraits tirés de “L’essai sur l’origine des langues”, où Rousseau évoque aussi le rapport entre la musique et le langage parlé.

CHAPITRE II
Que la première invention de la parole ne vint pas des besoins mais des passions

[...] De cela seul il suit avec évidence que l'origine des langues n'est point due aux premiers besoins des hommes ; il serait absurde que de la cause qui les écarte vint le moyen qui les unit. D'où peut donc venir cette origine? Des besoins moraux, des passions. Toutes les passions rapprochent les hommes que la nécessité de chercher à vivre force à se fuir. Ce n'est ni la faim ni la soif, mais l'amours la haine la pitié la colère qui leur ont arraché les premières voix. Les fruits ne se dérobent point à nos mains, on peut s'en nourrir sans parler, on poursuit en silence la proie dont on veut se repaître ; mais pour émouvoir un jeune coeur, pour repousser un agresseur injuste la nature dicte des accents, des cris, des plaintes : voilà les plus anciens mots inventées, et voilà pourquoi les premières langues furent chantantes et passionnées avant d'être simples et méthodiques.[...]

CHAPITRE III
Que le premier langage dut être figuré

Comme les premiers motifs qui firent parler l'homme furent des passions[...]

CHAPITRE XII
Origine de la musique

[...] Ainsi la cadence et les sons naissent avec les syllabes, la passion fait parler tous les organes, et pare la voix de tout leur éclat ; ainsi les vers, les chants, la parole ont une origine commune.[...] les retours périodiques et mesurés du rythme, les inflexions mélodieuses des accents firent naître la poésie et la musique avec la langue, ou plutôt tout cela n'était que la langue même pour ces heureux climats et ces heureux temps où les seuls besoins pressants qui demandaient le concours d'autrui étaient ceux que le coeur faisait naître.

CHAPITRE XIII
De la mélodie

L'homme est modifié par ses sens, personne n'en doute ; mais faute de distinguer les modifications nous en confondons les causes ; nous donnons trop et trop peu d'empire aux sensations ; nous ne voyons pas que souvent elles ne nous affectent point seulement comme sensations mais comme signes ou images, et que leurs effets moraux ont aussi des causes morales. Comme les sentiments qu'excite en nous la peinture ne viennent point des couleurs, l'empire que la musique a sur nos âmes n'est point l'ouvrage des sons.[...] Comme donc la peinture n'est pas l'art de combiner des couleurs d'une manière agréable à la vue, la musique n'est pas non plus l'art de combiner des sons d'une manière agréable à l'oreille.[...] C'est l'imitation seule qui les élève à ce rang.(= au niveau des beaux arts) Or qu'est-ce qui fait de la peinture un art d'imitation? C'est le dessein. Qu'est-ce qui de la musique en fait un autre? C'est la mélodie.


CHAPITRE XIIII
De l'harmonie
[...] La mélodie en imitant les inflexions de la voix exprime les plaintes, les cris de douleur ou de joie, les menaces, les gémissements ; tous les signes vocaux des passions sont de son ressort. Elle imite les accents des langues, et les tours affectés dans chaque idiome à certains mouvements de l'âme ; elle n'imite pas seulement, elle parle, et son langage inarticulé mais vif, ardent, passionné a cent fois plus d'énergie que la parole même. Voilà d'où naît la force des imitations musicales ; voilà d'où naît l'empire du chant sur les coeurs sensibles.[...] L'harmonie [...] elle lui (= à la mélodie) ôte l'énergie et l'expression, elle efface l'accent passionné pour y substituer l'intervalle harmonique, [...]en un mot, elle sépare tellement le chant de la parole que ces deux langages se combattent, se contrarient, s'ôtent mutuellement tout caractère de vérité et ne se peuvent réunir sans absurdité dans un sujet pathétique.[...].

Voilà l'analyse que Francesco a faite...

Je propose une clé de lecture des extraits, en mettant en évidence celles qui sont, à mon avis, les idées principales :
· La langue est née lorsque l’homme a senti l’exigence d’exprimer ses « passions », c’est-à-dire ses besoins moraux (« ...l’amour, la haine, la pitié, la colère [...] pour émovoir un jeune coeur, pour repousser un aggresseur injuste la nature dicte des accents, des cris, des plaintes... »). Cela signifie que les autres besoins physiques (la faime, le soif...) n’ont pas du tout contribué à la naissance de la langue : « les besoins dictèrent les premiers gestes, les passions arrachèrent les premières voix » (comme Rousseau l’ a dit ailleurs). Il faut aussi remarquer l’importance des « passions » : cela démontre que la pensée de Rousseau est déja insérée dans une optique romantique.
· La musique s’est devéloppée en imitant les inflexions « prosodiques » du langage parlé (chapitres XII et XIII) : la musique donc dérive de la langue, c’est-à-dire la musique a eu une origine « logo-génétique ». De plus, la catégorie de l’imitation définit l’essence et les fins de la musique pour Rousseau : « [...] c’est l’imitation seule qui les (= les sons) élève à ce rang (= celui de l’art) » (chapitre XII) ; cette définition, par contre, permet de considérer l’estéthique de Rousseau plus classique que romantique.
· La composante musicale qui a permis de réaliser le principe de l’imitation est la mélodie (monodique, évidemment). Cela signifie que la mélodie (exprimée par le chant) est l’élément musical le plus naturel et donc pour Rousseau, le plus important, l’idéal à atteindre. En effet il faut ne pas oublier le dualisme nature=étape idéale/ civilisation moderne=étape de dégénération que caractérise la pensée philosophique de Rousseau.
· L’importance attribuée à l’harmonie (la poliphonie), par les musiciens de l’époque à laquelle Rousseau appartient , c’est à réduire afin de favoriser la monodie. Exactement, la critique de Rousseau s’addresse à Rameau qui est parmi les musiciens les plus importantes de l’époque surtout en ce qui concerne la théorie musicale de l’harmonie. Pensez-y, il s’agit de théories si importantes que les jeunes musiciens (moi aussi !!) l’étudient meme à l’heure actuelle dans les conservatoires de musique..


Francesco Fattorini

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